Voilà déjà deux ans et demi que je possède le 150-600 mm, premier du nom de chez Tamron, il est donc grand temps de vous proposer mon retour d’expérience.
Les données techniques, l’essentiel :
- En premier la focale qui commence, vous l’aurez deviné, à 150mm et qui se finit à 600 mm, de quoi se lancer dans la photographie animalière ou sportive sans aucun problème !
- L’ouverture /f5 à 150 mm se fermera progressivement jusqu’à 6.3 à 600 mm, ce n’est pas extraordinaire, mais pour le moment avec cette plage de focale et un petit budget vous ne trouverez pas mieux sur le marché.
- Ce téléobjectif intègre un système de stabilisation VC, il vous permettra d’assurer vos prises de vues à main levée.
- Cet objectif est conçu pour les reflex plein format, maintenant s’il vous prenait l’envie de le monter sur un boitier APS-C (DX chez Nikon) vous obtiendriez une focale d’environ 225 mm à pas moins de 900 mm ! Je n’ai pas eu l’occasion de tester cet objectif dans cette configuration, mais ça laisse rêveur. J’ajouterai encore qu’il est silencieux (c’est grâce au fameux USD – Ultrasonic Silent Drive)
Que dire de plus, à part qu’il vous sera livré avec son pare-soleil, ses deux bouchons de protection et sa garantie de 5 ans comme tous les objectifs de la marque Tamron.
Construction et impressions générales
La gamme SP de Tamron est née avec le couple d’objectifs 24-70 mm f/2.8 et le 70-200 mm f/2.8 qui, une fois arrivés en magasin, ont totalement bousculé le marché des objectifs premium proposé par les marques historiques, car leur fabrication, leurs performances n’avaient rien à envier aux objectifs Nikon ou Canon et bien sûr avec un tarif nettement plus attractif.
Et ce 150-600 mm ne déroge pas à la régle ! Sorti de son carton, on s’aperçoit immédiatement de sa qualité, les finitions sont soignées, le design est sobre et les matériaux paraissent robustes (et après plus de 2 ans je confirme qu’ils le sont).
Allez, on déballe tout et on fait le tour
La première chose qui nous tape à l’oeil c’est son pare-soleil, imposant (normal, me direz-vous au vu de la focale) mais à mon goût il est un peu “cheap”, le plastique un peu mince me semble pas à la hauteur du reste de l’objectif, mais bon, ça reste quand même un détail. Autre élément imposant, le collier de fixation, qui, pour le coup, lui, est robuste, et la poignée située en dessous est suffisamment prononcée pour une bonne prise en main et un bon appui sur un trépied.
La bague de zoom est large et parfaitement positionnée (idéale pour les grandes mains). Elle reste un peu dure au départ des 150 mm mais, une fois franchi le cap des 200 mm, l’objectif se déploie avec beaucoup de fluidité.
La bague de mise au point manuelle située plus en arrière s’attrape facilement, elle est infinie avec des repères de butée ce qui est un très bon point mais pour ma part je ne la trouve pas assez ferme (là encore c’est un détail). Le revêtement en caoutchouc de ces deux bagues est de très bonne facture et après plus de deux ans d’utilisation, rien n’a bougé, aucune petite trace d’usure.
On note aussi la présence d’un bouton qui permet de bloquer le téléobjectif à 150 mm, indispensable pour ma part, surtout lorsqu’on marche appareil à la main (c’est très souvent mon cas).
À gauche il y a trois interrupteurs qui permettent d’activer/désactiver l’autofocus, pareil pour la stabilisation VC “Vibration Compensation” et le troisième, bien utile, permet de borner la mise au point de 15 mètres jusqu’à l’infini, cela permet à l’autofocus de gagner en réactivité. Enfin à l’arrière de l’objectif, il y a un joint d’étanchéité qui entoure la monture, nous voilà donc paré à sortir par tous les temps !
Utilisation, test et retour d’expérience
Ça y est, nous y sommes, nous voilà enfin dehors !
J’attends beaucoup de cet objectif, au départ mes photographies se sont concentrées sur le paysage et les détails que nous offre la nature. Au fil des sorties, avec l’objectif AF-S Nikkor 28-300mm f/3.5-5.6G ED VR j’ai pu goûter aux joies de la photographie animalière alors avec une telle polyvalence, avoir accès à une focale de 600 mm le tout à un prix abordable… mon choix à été vite fait, voyons si je ne serai pas déçu…
Les premiers pas sont un peu déroutants, les habitudes sont à revoir, il faut s’habituer à régler des vitesses plus hautes, l’ouverture de f/5 à 6.3 n’étant pas extraordinaire, il faut accepter de monter en ISO. Pour ma part j’ai défini une plage ISO automatique allant de 100 à 1600 en début et fin de journée, autrement je retourne sur mon réglage de base avec une plage de 100 à 800 ISO et pour le reste je fais confiance au capteur du D610 de Nikon si je dois compenser un peu l’exposition en post-traitement.
Évidemment, à 600 mm la stabilisation à une importance primordiale, et là, franchement, je n’ai rien à redire, c’est tout simplement parfait, elle est rapide et précise, c’est un des gros points forts de ce caillou, je photographie quasi intégralement à main levée, je suis un amoureux de la billebaude, des longues randonnées et c’est là que le Tamron SP 150-600 mm f/5-6.3 VC USD prends tout son sens. Il ne pèse que 2 kg, ce qui peut paraître beaucoup, mais il n’en est rien, la main sous la poignée, le coude contre le corps et vous pouvez sortir des images nettes au 1/250e (à 600 mm) voire au 1/125e (entre 150 mm à 300 mm) ! Évidemment, le risque du flou de bougé est là et si les conditions de lumière sont favorables il faudra préférer des vitesses plus rapides. Mais question instantanéité, on est vraiment à l’aise, reste à savoir si l’AF suit…
L’autofocus, le petit bémol
Attention avec un titre comme ça, je ne veux pas vous faire peur, mais je préfère vous avertir, le Tamron SP 150-600mm f/5-6.3 VC USD ne joue pas dans la même cour qu’un 500 mm f/4 en focale fixe, le prix n’est pas le même non plus.
Par une belle journée d’été l’autofocus est vif et précis, il n’y a aucun problème. Par contre lorsque la lumière baisse, on s’aperçoit très vite qu’il va falloir redoubler de vigilance, la mise au point se fera dans la majorité des cas, mais parfois il faudra s’y reprendre à deux ou trois fois, ce n’est pas une catastrophe, mais il faut le savoir et contrôler à l’écran la netteté de votre image. Les ratés restent faibles, pour ma part je ne suis jamais rentré avec une série totalement fichue (à 600 mm il est toujours difficile de trouver un coupable).
Il m’est aussi arrivé que l’AF ne réponde plus, plus du tout, mais je tiens à rester vigilant sur ce point, car dans la majorité des cas je fais mes sorties photos lorsqu’il fait moche, froid… Très froid et après quelques heures à crapahuter dans la neige et l’humidité des sommets vosgiens, l’autofocus me dit non, il ne me suit plus, c’est loin d’être systématique, mais lorsque cela se produit, la seule solution c’est le redémarrage du boitier et le voilà ramené à la vie.
Petit mais costaud
Je conçois que je lui en demande beaucoup, et je peux vous certifier qu’il est résistant, je n’économise pas mon matériel, l’objectif s’est déjà retrouvé totalement recouvert de glace, il m’a accompagné 10 jours en Islande, sous la pluie, la poussière des pistes et il est toujours opérationnel, il fonctionne parfaitement !
Prise de vue et qualité d’images
Nous attaquons la meilleure partie, parce que oui, c’est là que le 150-600 mm de Tamron brille, c’en est même impressionnant. Avec un objectif qui affiche une telle plage de focale on pourrait s’attendre à quelque chose de moyen au niveau du piqué, mais vous allez voir par vous-même qu’il n’en est rien !
À noter : Les images ci-dessous ne présentent aucune correction de l’objectif, aucune amélioration de la netteté ou encore du microcontraste. Les seules corrections sont apportées à la température de couleur (la balance des blancs en hiver me joue des tours).
Les images, on démarre à 150 mm
L’ensemble est homogène, le piqué sur la partie croppée à 100% est correcte, évidemment on est loin de ce que peut produire un 70-200 mm mais avec une légère passe de netteté sur un logiciel de post-traitement on pourrait améliorer ça sans aucune difficulté.
Je n’ai pas observé d’aberrations chromatiques sur le reste de l’image et le vignettage ne me gêne pas, le plupart du temps je le conserve…
On observe aussi un manque de contraste, c’est quelque chose que j’ai fréquemment observé lorsque les conditions de luminosité sont compliquées. Il faut parfois compenser l’exposition (à la prise de vue) jusqu’à -3IL pour obtenir des noirs suffisamment denses, ou y remédier en post production. Je conseille quand même d’être vigilant lorsque le temps change rapidement, il faut se méfier des percées de lumière, ou vous risquez vraiment de rentrer avec des images fades quasiment irrattrapables.
Une pause à 400 mm
Tous les éléments sont rassemblés pour mettre en difficulté le Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 VC USD, un manque cruel de lumière d’où les 2000 ISO, une petite bestiole particulièrement vive et une prise de vue à main levée. Vous jugerez par vous même, mais pour moi le job est très bien fait ! Le crop à 100% nous montre bien une image un peu molle, mais à 2000 ISO… Que demande le peuple ?
Et on s’en va à 600mm
Pour moi, c’est bien à cette distance focale que le 150-600 de chez Tamron excelle !
Je ne le comparerais pas à un 600 mm en focale fixe à 13 000 € mais la qualité est là, les détails sont nombreux, bien présents. Quoi dire de plus à part qu’avec ce niveau de rendu, vous pouvez vraiment sortir de belles photos.
Le vignettage à 600 mm et beaucoup plus prononcé, il occupe les premiers quarts gauche et droite de l’image, c’est le prix à payer, et, si vraiment il vous dérange, il pourra se corriger en un clic dans un logiciel tel que Lightroom, qui vous rattrapera en même temps la déformation de l’objectif mais elle n’est quasi pas détectable (ce qui est normal sur ce genre de focale).
Je voudrais aussi vous montrer le potentiel de l’objectif en passant à peine 2 minutes sur un logiciel de post-traitement (dans mon cas c’est Lightroom, mais on peut obtenir les mêmes résultats avec DXO Optics Pro ou encore Capture One Pro).
Le bokeh dans tout ça !
En haut, une image prise aux alentours des 400 mm f/6, le bokeh est un peu nerveux mais l’esthétique est intéressante, en bas une photographie prise à 600 mm f/6.3. En soignant le fond on obtient un flou doux et harmonieux.
En bonus, ma technique pour protéger ce gros caillou
Un engin de cette taille, est forcément fait pour sortir, que vous soyez photographe animalier, de nature ou encore de sport, il va falloir transporter votre objectif. donc voici en trois étapes ma méthode pour protéger votre téléobjectif à moindre coût.
L’image parle d’elle-même, alors si ça vous intéresse voici le lien pour se procurer ce bout de tissus hyper pratique.
Le bonus du bonus, le truc (il n’y a pas d’autre mot) qu’il ne faut pas acheter !
Une des premières choses que l’on fait ou que l’on devrait faire lorsqu’on achète un objectif est de lui apposer un filtre neutre et évidement avec une lentille frontale de 95 mm Pas facile de s’en tirer à bon prix. J’ai donc essayé le filtre de protection de la marque Sodial vendu sur Amazon et autant vous dire que ce n’est pas un bon plan, le filetage est plus que hasardeux, et le verre n’est pas non plus “neutre”… Bref à éviter.
Petit ajout de dernière minute, un ami, m’a dit qu’il était très satisfait du B+W filtre UV F-PRO de 95 mm. Il n’est pas donné (80 € environ) mais c’est le prix de la sécurité.
En conclusion
Je ne sais pas si cette plongée au coeur de l’hiver vous aura convaincus.
Mais pour moi le 150-600 mm de chez Tamron est un excellent objectif, il ouvre les portes de la photographie animalière ou de la photographie de sport “sans trop se ruiner”, mais au-delà de ça, je peux garder une forme de “liberté” lors de mes sorties. Il reste léger (2 kg environ), compact, les prises de vues à main levée sont tout à fait possibles. La qualité d’image est incroyable, et pour le moment je n’ai eu aucun problème avec, malgré la neige, la pluie et le froid (hormis les quelques difficultés avec l’autofocus).
Personnellement je le recommande sans hésiter cet objectif !
Pour l’acheter
C’est assez simple, pour ma part je suis passé par Amazon, je vous conseille de surveiller un peu le prix qui à tendance à osciller entre 900 € et 1000 €, voire parfois en dessous des 900 €. Donc voici le lien du Tamron 150-600mm pour une monture Nikon et pour une monture Canon c’est par ici.
Et si jamais votre bourse vous le permet, Tamron a sorti cette année une nouvelle version de cet objectif, le SP 150-600 mm f/5-6.3 Di VC USD G2, qui est environ 500 € plus chère. Je n’ai pas encore pu l’avoir entre mes mains, mais je suis persuadé qu’il est un tout aussi bon investissement.
Du côté de l’occasion, vous le trouverez aux alentours des 700 € sur le Bon coin, et à l’heure où je vous parle on en trouve assez peu (ce qui est bon signe) ! Par contre, quid de la garantie de 5 ans qui doit être activée en ligne, je ne peux pas vous affirmer qu’elle couvrira votre matériel dès lors qu’il change de main…
Sébastien METZL le 15 janvier 2018
Super retour et article au top comme d’habitude. J’ai le même à la maison et je retrouve les mêmes sensations décrites ci dessus.
Il est vrai que Tamron fait fort avec sa gamme SP et son évolution en G2.
Après avoir été séduit par le 150-600 j’ai succombé au 24-70 en 2.8 et là aussi on est agréablement surpris surtout que son homologue chez Nikon est très onéreux.
au final, et très satisfait par cette marque qui évolue bien, je finirai de compléter mon parc chez nikon (d610 aussi) par le 70-200 en 2.8
Alex le 7 octobre 2017
Bonjour Jérémy,
il y a effectivement le Sigma contemporary en concurrence mais depuis la sortie du G2, le G1 a baissé au point d’être trouvable à un prix similaire voire inférieur au Sigma.
Pour ma part je n’ai pas eu le G1 mais j’ai pu l’avoir en main et ai acheté le G2, et il est aussi excellent. Tamron (et Sigma) ont même fait plus que bousculer les grandes marques puisqu’ils étaient les premiers à sortir ce genre de zoom.
Le loquet du G2 permet même de bloquer l’objectif sur n’importe quelle focale. Pour l’autofocus, ayant eu un D610 et passé après au D750, l’objectif n’est pas seul en cause dans les situations sombres car j’ai moins de difficulté avec le D750 (-3IL et expeed 4A) que j’en avais avec le D610 (-1IL et expeed 3) pour d’autres objectifs (je n’avais pas le 150-600).
Le G2 est meilleur sur le contraste, encore plus homogène avec un bokeh plus doux. En revanche, c’est plutôt entre 150 et 400mm qu’il est le meilleur, mais au-delà il reste très bon.
Par contre j’ai complétement arrêté les filtres neutres et UV, les objectifs récents sont traités anti-UV, rien de mieux que le pare-soleil pour protéger un objectif quand on l’utilise et le capuchon quand on ne l’utilise pas ;) . Même avec les vieux objectifs il vaut mieux s’en passer, j’ai acquis récemment un vieux 105 f/2.5 qui était vendu avec un filtre que je pensais non dévissable, les images étaient loin d’être aussi bonnes que ce que j’en avais lu puis le filtre a fini par se dévisser et là, miracle! lol
Pour la garantie de Tamron, elle n’est pas cessible, si on l’achète d’occasion et qu’il y a un problème il faut s’arranger avec le vendeur pour qu’il envoie l’objectif pour profiter de la garantie étendue.
Cordialement.
Jeremy May le 21 octobre 2017
Bonsoir Alex,
Vraiment un grand merci pour votre retour sur le G2 de chez Tamron, je me doutais bien qu’il devait être aussi bon voir meilleur que la première version du 150-600mm de chez Tamron ! Et c’est une bonne nouvelle pour les contraste parce-que c’est vraiment le point négatif de ce retour d’expérience.
Pour ce qui est du boitier c’est vrai que j’aurai dû préciser que l’objectif est monté et testé sur un D610. En tout cas la précision des -3IL du processeur Expeed 4A du D750 est une très bonne information les futur lecteur de l’article.
sabine le 23 septembre 2017
super ton article! J’hésitais à acheter cet objectif très polyvalent et léger. J’ai aussi entendu parler du 150-600 sigma… Mais tu as l’ai enthousiaste ! On en reparle à mon retour de Sumatra. Par contre j’ai de suite commandé les « bouts de tissu » protecteur, merci pour le tuyau ! Bises
Jeremy May le 21 octobre 2017
Bonsoir Sabine,
Le 150-600mm de chez Sigma à l’air très bien aussi et tout cas de ce qu’on m’a dit… Mais on pourra en parler de vive voie à ton retour !